mercredi 28 février 2018

La tour à dés

Comble du snobisme et incarnation du ridicule pour les uns, objet culte et éminemment pratique pour les autres, la tour à dés et l’un des gadgets que l’on trouve de plus en plus sur les bords de tables de jeux et de jeux d’histoire en particulier.

Dés qui roulent… 
Normalement, le joueur de jeux d’histoire est génétiquement conditionné pour lancer une bonne poignée de dés avec une dextérité qui confine au raffinement digne d’un art d’expression corporel. D’un geste souple du bras et du poignet il fait rouler ses petits cubes sur la surface de la table. Certes, les joueurs sont plus ou moins doués pour la réussite de ce geste dont la maîtrise n’est pas une condition rédhibitoire pour la pratique de notre loisir, et pour certains, cela est heureux. Il arrive parfois, que le dé s’égare en dehors des limites de la table et plus dramatiquement au milieu des pieds des figurines ou pire, directement sur une pile de pions amoureusement empilés avec soin. Ces accidents, rares lorsqu’on se contente de ne lancer qu’un seul dé à la fois, peuvent revêtir l’aspect d’un véritable cataclysme lorsque le nombre de dés croit grandement ou que l’espace libre diminue d’autant.

 …n’amassent pas mousse.
Pour éviter de tels drames, dont les conséquences nuisent grandement à la santé mentale des joueurs, il était traditionnellement préconisé de lancer les dés dans une boite ou d’utiliser un gobelet. Apanage du pauvre, le couvercle de boite, aussi pratique et polyvalent soit-il, est foncièrement dédaigné par les joueurs. Sa vétusté, sa simplicité et très souvent sont manque de classe le rendent indigne d’une pratique qui par ailleurs mérite mieux qu’un vulgaire bout de carton. La gobelet lui, souffre d’une image archaïque, et de deux défauts majeurs : Le premier est d’être trop souvent confondu par la plupart des joueurs avec le récipient qui contient leur boisson désaltérante préférée ; le second étant sa faible capacité de contenance en dés. Si elle est tolérable pour certains jeux, cela devient un véritable handicape pour d’autres qui nécessitent de lancer plusieurs dizaines de dés à la fois. Heureusement, la tour à dés est arrivée.

Une tour à dés c’est quoi ?
La tour à dés se décompose en deux éléments distincts : la tour proprement dite et le plateau qui l’accompagne. Sans ce dernier, la tour n’a que peu d’intérêt. La tour est un parallélépipède rectangle où l’on introduit les dés par le sommet. Muent par la gravité terrestre, ces derniers suivent un chemin plus ou moins complexe et ressortent en bas dans le plateau. Les contreforts du plateau servent à les maintenir dans un espace relativement restreint et évitent que les dés s’égayent sur l’aire de jeu. Simple et efficace, ce dispositif permet de « lancer » un très grand nombre de dés à la fois dans un espace limité sans aucun risque d’accident tout en minimisant le nombre de dés « cassés ». Ces multiples avantages ont fait de la tour à dés un élément désormais indispensable pour certains joueurs. En revanche, l’un des inconvénients majeurs de la tour à dés, outre un encombrement accrue notamment par rapport au gobelet, et surtout lié aux nuisances sonores qu’elle génère lorsque les dés chutent dans la caisse de résonance qu’est la tour.


Vous trouverez tout un tas de tour à dés à la vente un peu partout sur le net ou ailleurs, vous en trouverez même des somptueuses à imprimer sur une imprimante 3D, mais la plupart du temps, ces objets sont particulièrement bruyants.




Compte tenu de tout ces éléments, nous vous proposons une méthode générique pour élaborer votre propre tour à dés en minimisant ses inconvénients :

Fabrication d’une tour à dés.
Fabriquer une tour à dés n’est pas si compliqué que cela. Dans l’exemple qui suit, nous avons utilisé principalement du matériel de récupération. Il n'a pas fallu plus de 2h00 pour tout faire, conception comprise mais sans le déplacement pour acheter la feutrine ni le temps passer pour réaliser la décoration escamotable.

  •  Le matériel : La tour elle même est composée à partir d’un reste de planche d’aggloméré mélaminé de 10mm d’épaisseur. Son chemin ainsi que son plateau sont fait en isorèle (matériaux d’isolation de meuble) de 3mm d’épaisseur. Enfin, l’isolation sonore est assurée par de la feutrine de 2mm d’épaisseur. Seul ce dernier élément a été acheté en magasin d’art créatif. Pour moins de 1€ nous nous sommes procurés une plaque de 30cm sur 30cm de feutrine noire suffisante pour l’ensemble du projet.
  •  Les outils : une scie pour découper le bois, l’isorèle et les baguettes, un cutter pour découper la feutrine, une règle métallique ainsi qu’un feutre de couleur sont nécessaires. Les consommables : Nous nous sommes contentés de colle néoprène en gèle pour assurer l’assemblage de la tour. Des pointes peuvent néanmoins être rajoutées pour consolider le tout mais c’est loin d’être nécessaire.
  •  L’élaboration : Point de conception assistée. Nous nous sommes contentés de la planche de largeur L dont nous disposions pour élaborer la tour (ici L = 10,3cm). Nous avons donc découpés trois morceaux de même hauteur H (ici nous avons pris H=21cm) et un quatrième d’une longueur réduite de 5cm (donc de 16cm de long). 

  • Le chemin : il se compose de trois « rampes » obliques qui sont en fait des lamelles d’isorèle ayant la même largeur que la planche. Leur longueur est évaluée de manière à ce qu’une fois en position, les dés puissent aisément circuler entre leur extrémité et les parois de la tour. Dans l’exemple choisi, les deux premières lamelles font 6,5 cm de long et la dernière 11,5cm. 

  • L’isolation phonique : Point important qui assurera la qualité de votre tour à dés. Suite aux différentes expériences menées de-ci de-là à base de mousse de décoration ou de plaque de liège, nous avons opté pour la plaque de feutrine épaisse, facile à découper et à coller à l’aide de la néoprène. Nous avons pris soin de découper l’emplacement des « rampes » en isorèle. Nous avons également recouvert ces dernières de feutrine sur leur partie supérieure.

  • L’assemblage : Facile à l’aide de la néoprène, nous vous conseillons de commencer par l’arrière de la tour et de fixer les rampes qui s’y adossent en même temps que les côtés de la tour. Terminez ensuite par la face avant et sa rampe. Le fait d’utiliser la néoprène en gèle vous permet de manipuler la tour facilement et d’ajuster vos différents éléments avant de les fixer en place en appuyant très fort dessus. Avec l’emploi de la néoprène en gèle, c’est cette pression finale qui assure l’assemblage définitif. Laissez sécher quelques heures avant un usage intensif, mais le collage sera de toute manière bien assez solide. Si vous n’avez pas confiance, vous pouvez toujours renforcer la tour en clouant les différents éléments à l’aide de pointes. 

  • Le plateau : Il s’agit d’une simple plaque d’isorèle recouverte de feutrine. Les bords ont été fait à l’aide de planchette de contre plaqué de 5mm elles aussi recouvertes de feutrine. Le tout est toujours collé à l’aide de la néoprène.

  • La décoration : Il vous est possible de décorer votre tour comme bon vous semble. Soit en découpant le bois au préalable dans des formes variées (tailler des créneaux au sommet comme pour les tours de château forts, faire une sortie en forme d’arche…) soit en peignant des motifs sur les parois de votre tour. Nous avons opté pour une décoration polyvalente confectionnée à partir de pliage de carton souple sur lequel il est possible d’imprimer des motifs à l’aide d’une imprimante. Plié en « tunnel », cette enveloppe peut être facilement changée au rythme de vos goûts ou de vos jeux. Grâce à sa doublure en feutrine, les nuisances sonores ne sont plus un handicape. De plus, la décoration polyvalente permet de s’adapter à tous vos jeux en proposant des motifs (ou aide de jeu) en rapport avec eux. 
Vous voilà parfaitement équipé pour vos prochaines parties et prêt à affronter l’œil moqueurs des jaloux et l’adoration pantoise de vos admirateurs.

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