mercredi 23 novembre 2016

Images de la première guerre mondiale : les Autochromes de la collection Albert Kahn

J'avais déjà évoqué cette collection ici-même il y a quelques années.

J'y reviens aujourd'hui aussi bien pour rester raccord avec les précédents articles que pour vous prévenir que ces autochromes et autres photos noir & blanc sont désormais disponible sur le site du musée Albert kahn.
N'hésitez pas à y aller jeter un oeil et parcourir les univers disparus depuis plus d'un siècle.

En voici quelques exemple sur le thème du moment: Cliqué pour les agrandir un peu. Le nom de l'image comprend la date exactes du cliché.

Batterie de 75.


 Installations faites pour durer.

 Soldats australiens

Une batterie camouflée


Fantassins de marine


 Prisonniers allemands (photo)



 Exemple de camouflage.


 Tirailleur indochinois (nombreux sur le front d'orient)

 Chef chef, regardez comme elle est belle ma tranchée.




Toilettes camouflées


 Batterie anti-aérienne de 75mm

 les français en Syrie, oui, il y en avait.

 après la bataille (somme 1917)

 Des tirailleurs algériens

 Tranchée d'hiver

mardi 22 novembre 2016

La première guerre mondiale en livres : quelques éléments bibliographiques

Je ne me souviens plus assez bien de certains ouvrages que j'ai lu il y a quelques temps (années) sur le sujet pour en faire la chronique la plus honnête possible. Du coup, je vais plutôt faire une sorte de Bibliographie commentée.

Disons le tout de suite, je me suis principalement intéressé à ce qui n'est pas caractéristique de la guerre, c'est à dire autres chose que les fronts principaux (ouest et est). Le premier par ce que je sais que dès que je le voudrais je serai trouver toute l'information dont j'aurai besoin, le second par ce que je n'ai pas trouvé d'ouvrage spécifiques.
Du coup, c'est surtout des fronts ou des moments annexes dont il s'agit là.

LA BATAILLE DES FRONTIÈRES
Joffre attaque au centre 22-26 août 1914


Je trouve le sous-titre assez minable. Ce n'est pas le cas de ce livre qui présente de manière classique la chronologie des événements des journées les plus meurtrière de l'histoire de l'armée française. Il s'agit d'une bataille de rencontre sur plusieurs dizaine de km. L'essentiel du livre est constitué de chapitre consacrés à un élément du front. C'est classique, on retrouve l'énumération minéralogiques d'unité militaire (un ordre de bataille est même donné en annexe), plein de cartes (bien) moches (moins bien) pour essayer de ne pas perdre le lecteur. C'est un livre fait pour informer sur les opérations et il remplie son office. Mais aucune information sur comment l'autre camp à vécu ces moments là. Classique je vous dit. J'ai appris plein de choses intéressantes relativement éloignées des poncifs qu'on connais sur les débuts de la guerre 14. A vrai dire, il suffit sans doute de lire un livre pour cela.


LES DARDANELLES 1915
Une stratégie en échec



Toujours des sous-titres sexy chez Economica. "Une Branlée" aurait été plus relevé et juste.
Si vous cherchez à tout savoir sur cette épisode emblématique des jeunes républiques du Commonwealth britannique (y'a qu'à voir le nombre de touristes Australiens et néo-Z sur les lieux), ce livre peut vous convenir. Opérations navales, logistiques et terrestres sont décortiquées chronologiquement (mais pourquoi je me sent obligé d'indiquer une telle précision?). Beaucoup de cartes qui font l'effort de chercher à être efficaces. Peu de références sorties du camp adverse. J'ai souvenir que la description des combats pouvait être obscure et pénible (identification minéralogique, manque de repaire sur les cartes et patin-couffin...)

 A titre d'information, une photo de famille de l'entrée des Dardanelles prise de Çankale (Tchanakalé; c'est aussi le nom que les Turcs donnent à l'ensemble des batailles de cette opération). C'est dans ce goulet que les ténors (le gros mec avec son cigare) de l'Amirauté Britannique voulaient faire passer des cuirassés. Il faut vraiment avoir confiance dans les marchands de tôle. Une Stratégie en échec qui dit l'autre.

Du même endroit en regardant vers le nord cette fois. Derrière le luminaire, un mouilleur de mine de l'époque qui a participé aux opérations.
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L'ITALIE EN GUERRE
1915-1918

J'avoue que je ne m'en souviens plus guère. Je l'ai lu juste après celui sur la Serbie et il ne m'a pas laissé du tout le même sentiment. Le premier gros tiers est consacré aux événements. Pas super palpitant le front italien, mais des situations uniques notamment à flanc de montagne. Bonjour pour refaire ça avec des figus. S'ensuit une présentation des troupes de toutes spécialités et des différents fronts terrestres, aériens et navals auxquels ont participé les troupes italiennes. Une mise en perspective finale exposants les frustrations italiennes au sortir de la guerre. Les (2) cartes sont nulles, de mauvaise qualité et ne servent à rien; bienvenu chez les historiens !


DU CAIRE À DAMAS
Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919)


Un gros livre sans carte (mieux faut pas en parler) qui tente de montrer que les français étaient là où ils n'était pas. A la lecture du sous-titre comme des entêtes de chapitre, il est beaucoup question de la France et des Français au proche orient durant le premier conflit mondiale. En fait, on s’aperçoit bien vite qu'ils sont deux ou trois pendant que les britanniques débarquent pas centaine de milliers. Autant dire qu'on est sur le terrain anglais. Il m'a permis de découvrir l’existence de la révolte sénoussiste. Une bande touareg saharien fuyant les français à l'Ouest, brimant les Italiens au nord, et repoussés sur les Anglais à l'Est vers l’Égypte. Sortie de là, je ne me souvient plus de rien.

Les livres suivants ont été chroniqués ici-même sur ce blog. Si j'y pense, je rajouterai dessous ceux qui le seront ultérieurement.

Cliquez sur les couvertures pour accéder à l'article correspondant.


http://vicissitudesludiques.blogspot.fr/2012/01/14-18-la-serbie-en-guerre.html

http://vicissitudesludiques.blogspot.fr/2016/11/la-turquie-dans-la-grande-guerre-de.html


http://vicissitudesludiques.blogspot.fr/2016/11/le-front-dorient-du-desastre-des.html


http://vicissitudesludiques.blogspot.fr/2016/11/la-grande-illusion-comment-la-france.html


dimanche 20 novembre 2016

La Grande Illusion. Comment la France a perdu la paix 1914-1920

Enfin le livre que j'attendais depuis longtemps. Je m'étais toujours demandé pourquoi l’Allemagne n'avait pas été démembrée à la fin de la première guerre mondiale. Lors de mes voyages outre Rhin j'ai eu l'occasion de glaner quelques pistes mais ce bouquin m'a offert l'opportunité de les vérifier et de les compléter.

Alliances et déclarations de guerre durant le premier conflit mondial.

Voici un livre bien écrit qui pose une problématique à chaque chapitre et y répond en suivant autant que faire se peut le déroulement chronologique mais ce n'est pas systématiquement le cas.
Disons le tout de suite, malgré ses qualités littéraires indéniables il est souvent difficile de suivre les propos et les élucubrations d'hommes qui jusqu'à présent n'étaient pour moi que des noms de rue (Aristide Briand, Paul Painlevé, Raymond Poincaré, Albert Thomas...)... ou de porte-avions (Clemenceau, Foch...). C'est propre au sujet et aux emberlificotages qui font passer Games of Throne pour une aventure de OuiOui, et l'auteur n'y peut pas grand chose. On ne peut saluer que sa prouesse à rendre lisible l'écheveau de forces et de tractations en tout genre qui émaillent son sujet.

Parmi les portraits des dirigeants français de l'Union Sacrée qui illustrent ce billet, seras-tu reconnaître les socialistes des réactionnaires? Attention, l'un d'entre eux est un vrai connard qui possède une planche à savonnette pour ses petits copains; seras-tu le démasquer ?


La première partie très intéressante est consacrée au déclenchement de la guerre en suivant pas à pas les traces des hommes d'État. On y apprend que l'ultimatum Autrichien à la Serbie a été sciemment lancé au moment soit disant opportun où les dirigeants français (le président du conseil bi-classé ministre des affaires étrangère et le président de la république) étaient isolés sur un navire qui les ramenaient de Russie et incapables de communiquer efficacement.
Du coup, la France n'a pas eu la réactivité nécessaire ce qui s'est avéré un fort mauvais calcul des puissances centrales puisque le coup de force a dégénéré en conflit généralisé contrairement aux précédentes frictions (crises du Maroc et autres...).
Mais l'augmentation de la fréquence de ces dernières mettait de plus en plus à mal tout le système d'équilibre européen dont les règles avaient été tacitement établies après le congrée de vienne (1815).
L'auteur montre l'évolution de ces pratiques généralement gardées secrètes et la volonté de forces politiques diverses et variées d'y mettre un terme. Après tout, si le conflit avait pu être encore évité cette fois-là, il aurait très certainement éclaté la fois d'après (Don't throw a 1 bondieu de merde!).

Les considérations d'ordre techniques ne sont pas non plus oubliées. Il est judicieusement rappelé que la technicité et la rapidité de la mobilisation générale faisaient peser, à tord ou à raison, sur les état-majors, un poids déterminant dans la volonté d'être le premier à la déclencher en cas de conflit.


La seconde partie traite des buts de guerre et l'on est surpris que l'essentiel d'entre eux soit déjà fixé dès le début du conflit dans les esprits des dirigeants bien que rien de tout cela ne soit mis plus ou moins sur le papier avant 1916-17 sous la pression américaine.


Le cœur du livre traite principalement des moyens d'y parvenir et des tentions entre les hauts personnages de l'état français. Il est aussi question des tractations avec les alliés.L'entrée en guerre de l'Italie et dans une moindre mesure de la Grèce, a posé pas mal de problèmes à une diplomatie qui promettait la même chose à plusieurs alliés potentiels en même temps. Mais tous les dirigeants ont exigés de garanties (= territoires allemands démilitarisés ou pas) pas toujours bien définies pour éviter le prochain conflit avec un voisin très très très encombrant. "Garanties" qui, aux yeux des alliés, allaient de soit en temps de guerre mais qui furent beaucoup moins évidentes la paix venue.

Cependant, bien qu'au niveau des état-majors subsistait jusqu'au début 18 une certaine méfiance entre Britannique et Français, on est surpris de découvrir la grande connivence et l'unité de vue qui existait entre les plus hauts dirigeants Français et Anglais alors même que leurs ministres respectifs n'était pas toujours au diapason (union sacrée oblige).


Enfin il est question de l'initiative diplomatique Américaine (les fameux deux essais transformés du président Wilson) qui prend de l'ampleur avec leur implication militaire et qui surtout restreint Britanniques et Français dans leur pratiques secrètes habituelles. Mais l'auteur prend le soin d'indiquer que cette démarche pouvait avoir plusieurs lectures ce que les participants ont bien noté en utilisant, par exemple, le principe de liberté des peuples à disposer d'eux même quand cela les arrangeaient.


Cependant, alors que la guerre avait parue perdue lors des offensives allemandes du printemps 18,  la précipitation de sa fin en un laps de temps très court (septembre-octobre 18) va faire voler en éclat l'unité entre alliés. Charge à chacun de s'emparer de plus de choses possibles avant la signature des armistices permettant aux Français d'imposer leur vue en Europe de l'Est (Création de la Yougoslavie et de la Pologne, agrandissement démentiel de la Roumanie) tandis que les Anglais se jetaient comme des morts-de-faim sur les territoires de l'Empire Ottoman; révélant à tous que l'agrandissement de leurs assises coloniales était bel et bien leurs buts de guerre principaux.
Du coup, c'est avec une ironie consommée que l'Allemagne avait perdue de son intérêt et que la monarchie Austro-Hongroise était à sauver pour conserver un contre pouvoir en Europe centrale. Mais l'heure était venu pour l'Empire pluri-ethnique de sombrer définitivement plus personne ne pouvait plus rien pour lui.

L'Autriche-Hongrie, avant/après.

Quant à l'Allemagne, seuls certains dirigeants français étaient portés à la démanteler en isolant Sarre et Rhur et en recréant le royaume de Bavière. Mais les Anglais et les Américains ne l'ont jamais permis. Cet aspect est bizarrement à peine abordé par l'ouvrage (peut être trop centré sur les aspects de politique internationale). Or, des tentatives séparatistes supportées en sous-main par les Belges et les Français dans les années 20 ont belles et bien existé; l’hôtel de ville d'Aix-la-Chapelle en porte encore les stigmates. C'est l'intervention des anglo-saxons qui ont sommé les francophones de rétablir l'ordre dans les territoires que leurs armées respectives contrôlaient. Avec le recul, on est interloqué par cette volonté de conserver une Allemagne forte et unies quant on sait ce que cela a donné deux décennies à peine plus tard.
Certains pourraient juger cette attitude comme criminelle mais l'histoire officielle s'en garde bien.


Au final, alors qu'elle est au yeux du monde entier la grande vainqueur de la guerre, que son armée est la première du monde en quantité et en qualité, que ses sacrifices et son abnégation forcent le respect indéniables et avéré de tous ses alliés et même de ses adversaires (sauf les allemands), la France a perdu la paix. Elle a été incapable de faire valoir ses vues et si Américains et Britanniques étaient prêt à lui accorder les garanties d'une paix durable avec son voisin d'outre Rhin, ils se sont bien gardés de traduire cela dans les faits. Avec le temps, leur respect s'est muet en opposition larvée jusqu'à exercer des pressions pour juguler les exigences françaises.
Dans nos cours d'Histoire, il est question de ces exigences outrancières, cause de la monté du nazisme en Allemagne, mais c'est en fait l'Angleterre qui a cherché à imposer des réparations de guerres aux sommes astronomiques. Or, il est indéniable que si les buts de guerre français vis à vis de l'Allemagne s'étaient imposés, la face du Monde aurait été tout autre.

Les belles têtes de winners.
 
Mais en avait-elle vraiment les moyens et la volonté? Car au delà de la frénésie nationaliste de la fin de la guerre (Acquittement pour l'assassin de Jean Jaurès) il est avéré que rapidement, le peuple français ne souhaitait plus s'engager dans aucun conflit qu'il soit armé ou pas. Si bien que les territoires occupés sur la rive gauche du Rhin furent évacués bien avant l'échéance; L'un des hommes dont le portrait se trouve dans ce billet recevra le prix Nobel de la paix pour ça. Et on ne parle pas des positionnements diplomatiques adoptées dans les années 30.

Force est de constater que les généraux allemands ont su avec clairvoyance choisir le moment opportun pour déposer les armes. Certes, leur pays a été livré au chaos (révoltes Spartakistes) mais rien d’irrémédiable n'avait été commis ce qui lui valu une relative indulgence de la pars des anglo-saxons en jouant la carte de l'isolement des français dans leur jusqu’au-boutisme anti-boches. Un simple regard sur la carte ci-dessous montre que parmi tous les perdants, l'Allemagne s'en sort plutôt bien (attention, pour la Turquie la carte est tronquée).

Bilan Territorial européen de la grande guerre.

Cependant, et bien que le livre n'aborde absolument pas le sujet, sa lecture pousse à s'interroger sur certains points. Avec un peu de recul sur l'enchaînement des événements, on ne peut que se poser la question :  mais que sont venus faire exactement les État-Unis dans ce conflit?

L'image de couverture, l'ouverture de la conférence de la paix (Wilson, Clemenceau, Loyd Georges), Quai d'Orsay à Paris en 1919 (L'image appartient à l'Imperial War Museum de Londres). Les alliés décident entre eux du devenir des perdants sans aucune négociation pendant que l'armistice est reconduite tous les mois jusqu'à la signature finale.
 
Signature du traité de Versaille dans la galerie des glaces 1920. Signer sans condition ou reprendre la guerre? Des ajustements aux exigences ont-elles eu lieu pour faciliter le choix?

vendredi 18 novembre 2016

La Turquie dans la Grande Guerre. De l'empire Ottoman à la République de Turquie


Enfin un ouvrage qui traite de ce sujet même si le titre n'est pas correct puisqu'il s'agit surtout de l'Empire Ottoman dans la Grande Guerre. Mais on va dire que celui choisi parle plus au lecteur du XXIème siècle.

L'Empire Ottoman en 1914

Le livre est sortie en début d'année et est écrit par une auteure maîtrisant la langue turque ce qui est un avantage déterminant dans la pertinence des propos. Mais le livre souffre d'un très gros problème de rédaction. On a trop souvent l'impression qu'il s'agit de notes mises bout à bout et que le travail de synthèse des fins de chapitre n'est qu'une énumération de phrases employées dans les paragraphes précédents elles aussi mises bout à bout. Ces mêmes paragraphes traitant trop souvent de plusieurs choses en même temps sans élément de transition passant du coq à l'âne. C'est dur et très compliqué à suivre d'autant que la chronologie n'est pas toujours le fil conducteur est que l'usage quasi systématique du présent ne facilite pas les choses. On a donc le sentiment qu'il s'agit d'un travail effectué dans l'urgence ou tout du moins d'un travail de commande sans esprit de synthèse ce qui le rend difficile d'accès.

Lancashire Game propose une gamme de figurine 15mm couvrant les armées turques. Je n'ai aucune idée de la qualité et du rendu des figurines de cette vénérable marque que je ne connais que de nom. Cependant, je ne suis pas sûr que le lavis noir permet de mettre en valeur ses figurines.

 La gamme est relativement large et on y trouve même des soldats arabes en Keffieh.
A voir les images du site, chaque référence devrait comprendre 2 ou 3 poses par sachet de 10 figurines. Certainement les moins cher du marché.


Cependant, ses intentions sont louables. L'ouvrage commence par rappeler judicieusement que du point de vue turc, la guerre mondiale n'est qu'une étape dans l’enchaînement quasi ubuesque de conflits de 1911 à 1922 :
  • Lors de la guerre italo-turque de Tripolitaine, trop sommairement évoquée car on ne comprend pas trop comment les turcs sont intervenus dans le conflit ni même les difficultés qu'ils ont érigées face aux transalpins (wikipédia fait mieux).
  • Lors de l'impitoyable première guerre Balkanique déclenchée par l'ensemble des nations balkaniques (Grèce, Serbie, Bulgarie, Monténégro) pour tomber sur le dos d'un Empire Ottoman totalement concentré sur la Libye et incapable de mobiliser à temps ses troupes pour faire face à l'attaque surprise. Une leçon utile mais au combien humiliante.
  • Puis lors de l'extravagante seconde guerre balkanique qui se déclenche dès la précédente finie entre les alliés de la veille contre la trop gourmande Bulgarie et où l'Empire Ottoman, allié à ses ennemis d'hier, récupère une portion congrue de ses territoires européens.
  • La première guerre Mondiale, principal sujet de l'ouvrage.
  • Enfin, jusqu'en 1922 la guerre d'indépendance qui s’enclenche dès la fin de la mondiale et où le nationalisme turc mobilise des forces exsangues qui finiront par rejeter Français (plus ou moins volontairement), Anglais (plus ou moins contraint) et Grecs (à coups de pieds dans le cul) hors du territoire qui constitue, encore aujourd'hui, la République de Turquie.
La fin de l'Empire Ottoman Européen ou presque.

Eureka propose quelques références turques dans sa gamme première guerre mondiale principalement tournée vers le proche et moyen orient.

Je ne connais pas en détails ces figurines mais j'en possède les Bulgares et italiens de la gamme qui m'ont fortement déçus. Là le lavis noir avantage bien les figurines.

10 ans de guerre quasi ininterrompus dans un Empire Ottoman croulant sous des calamités dignes des 7 plaies d’Égypte : Réorganisation d'une armée humiliée et démoralisée; problème des désertions (40% des effectifs); crises politiques et coups d'état successifs; emballement nationaliste clivant; grandes épidémies; crises frumentaires extrêmes; déliquescence du pouvoir centrale et des infrastructures étatiques, vampirisation germanique... Le tout dans un pays archaïque à l'exception de sa capitale Constantinople/Stamboule*, sans industrie ni aucune infrastructures routière et un réseau ferroviaire se résumant trop souvent à unique ligne discontinue à une seule voie.
On se demande comment il a fait pour durer aussi longtemps et résister sur autant de fronts (Balkans, Dardanelles, Caucase, Irak, Palestine) au déferlement des troupes de l'Empire Britannique allant même jusqu'à les humilier en début de conflit (Dardanelles, Irak). On explique généralement cela par les erreurs de ses adversaires, mais c'est surtout leur attitude présomptueuse qui les ont conduit à subir le joug de Turcs motivés de s'affranchir du diktat des grandes nations.

QRF propose une gamme relativement développée de troupes ottomanes pour la première guerre mondiale dont plusieurs références de cavalerie, à la facture plus qu'honnête.

 On y retrouve des troupes d'assaut en Keffieh pour le moyen orient.
Chaque référence de la gamme a généralement 2 poses dans un sachet de 8 figurines.

L'aspect purement militaires et opérationnel est très succin. Tandis que le lecteur curieux cherche encore à savoir où sont passées les troupes turques sur le sol européen, le lecteur distrait pourrait passer à côté des victoires caucasiennes de 1918 (C'est dommage car les fans du Back-of-Beyond pourraient y trouver de quoi titiller leur rêves ludiques les plus fous).

Le découpage de l'empire ottoman tel qu'envisagé par le traité de Sèvre en 1920. Y'a bon gâteau !

En revanche, le livre est prolixe sur les services spéciaux non officiels du comité Union & Progrès alors au gouvernement. Tentatives de déstabilisation des colonies de l'Entente, armement de groupuscules aux marges de l'empire, mise sous pression armée des minorités rétives, déportation des autres, massacre plus ou moins discret (à l'époque) sont autant d'action menées plus ou moins secrètement par ce service mais narrées de façon un peu décousue et sans véritable travail de synthèse. On a parfois l'impression de se perdre sans savoir s'il s'agit d'un élément déterminant ou anecdotique.


Minifig en propose également dont une large gamme de cavaliers. Toutes les références sont mono-pose mais la volumineuse moustache est de rigueur.
Pour l'instant, c'est la seule gamme qui propose des troupes d'assaut turques dignes de ce nom. C'est aussi l'unique référence de la gamme qui soit multi-poses.


Cet écheveau de guerres est venu sanctionner l'impasse idéologique où se trouvait ce fascinant (Cf Pierre Loti) empire cosmopolite aux milles peuples. Il n'a pu survivre à une époque ou la nationalité servait de moteur à la modernité et son agonie prie fin dans un maelström de douleurs, de sacrifices et violences inouïes faisant table rase d'un monde à jamais perdu victime de l'air du temps. La pluri-ethnique Autriche-Hongrie ne résistera pas d'avantage à ce détail prêt qu'elle était beaucoup plus homogène culturellement et que personne n'avait réellement voulu la coloniser ou la démembrer et en faire des confettis ou des paillassons.


 Peter Pig vient de sortir ses propres références turques dans sa fabuleuse gamme sur la première guerre mondiale. Comme dans es autres gammes, chaque sachet de 8 figurines présente 3 poses différentes.

Les références de Cavalerie (troupe et commandement) viennent tout juste de sortir cette semaine. Champagne !

 A l'heure actuelle, je n'ai que des minifig et des QRF dont voici une petite comparaison pour la taille. Je ne pense pas que les Peter Pig soient de taille bien différentes.


Il me reste tout de même l'impression de raté. Avec une auteur turcophone capable d'aligner une impressionnante bibliographie multi-lingue, on pouvait espérer un ouvrage des plus passionnant. Le sujet l'est mais les propos le sont nettement moins. Je resterai indulgent car il faut bien avouer que ce n'est pas le livre qui est trop ambitieux mais tout simplement le sujet qui est beaucoup trop grand et il y a matière à faire quelques chose de vraiment intéressant avec les informations qu'on peut y trouver, mais sachez que se sera à vous d'en faire la synthèse. Pour les opérations militaires, passez votre chemin.

Mais tout cela, l'auteure vous en convaincra mieux que moi :



La République de Turquie à la fin de sa guerre dite indépendance (Istikal). Certains on du revoir leur ambitions à la baisse apparemment.


* Avant la chute de l'Empire, la vieille ville est toujours appelée Constantinople et Stamboule est employé pour englober l'ensemble de cette immense mégapole. Ce n'est qu'à l'avènement de la République et la perte de son statut de Capitale délocalisée à Ankara, que la ville prendra le nom d'Istanbul.