samedi 10 mars 2018

Les armées dans la grande guerre: partie 2: L'armée Allemande

Autant le dire tout de suite, cet ouvrage n'a pas la qualité du précédent chroniqué ici et consacré à l'armée française. La machine à vaincre, l'Armée Allemande 1914-1918, est lourd et indigeste à lire. C'est écris à l'ancienne avec des listes d'organisation théoriques d'unités qui n'apportent aucun élément probant à part endormir son lecteur par sa litanie sans fin.
Autant parler de bataillon d'infanterie veut dire quelque chose autant parler de régiment d'artillerie n'apporte rien puisque que contrairement aux compagnies d'un bataillon d'infanterie, les batteries d'un même régiment d'artillerie sont dispersées à plusieurs endroits et ne restent pas regroupées, mais ça, ne comptait pas sur ce livre pour vous indiquer la moindre doctrine d'emploi des différents types de troupes. c'est tellement brouillon qu'on penne à savoir quand rentre en service le nouveau casque si caractéristique de l'armée allemande. Par contre, il arrive à nous faire plusieurs paragraphes sur les disparition ou non des barrettes de col sur la veste d’uniforme. Franchement !?

Contrairement à son homologue sur l'armée française, les évolutions se limitent à des listes de réorganisation administratives des unités au sein de l'armée voir des généraux et autres officiers supérieurs dont on en a à peut près rien à foutre. Il est dépourvue de vision globale et il faut savoir lire entre les lignes et en profondeur pour en tirer quelques enseignements. Enseignements qui ne sont guère mis en valeur par le manque de profondeur de l'analyse.
Par exemple, contrairement à ce que j'ai pu lire ailleurs, l'usage des gaz est devenu de plus en plus intensif côté Allemand au fur et à mesure du développement de la guerre. Alors que la plupart des ouvrages que j'ai eu l'occasion de lire ne tiennent pas ou quasiment pas compte de ce phénomène. Ce livre le met en avant, mais pas directement, seulement par des listes de consommations des obus à croix jaunes, bleues ou vertes. A vous de faire votre propre idée. Les autres tactiques de l'artillerie sont abordées par le biais du commandement ce qui rend la compréhension des protocoles d'emplois assez compliquée.

 Encore une fois, la marque Peter Pig est celle qui propose la gamme la plus réussit de figurines 15mm sur la période.

 La plupart des troupes spécialisées y sont présentes comme les fameux lance-flammes.

 Dernièrement, la gamme propose même des cavaliers démontés pour couvrir efficacement le début de la guerre.

 Je ne me prive pas du plaisir de vous montrer ce sympathique état-major prussien qui ne peut qu'avoir le meilleur effet sur votre table de jeu.

Je m'arrête là. Il y a tout de même beaucoup de matière exploitable dans cet ouvrage, mais ne comptez pas sur l'auteur pour vous en faire une synthèse. Il va falloir que vous y mettiez un peu du votre si vous n'êtes pas assommés par l'énumération minéralogiques des unités et autres absconses organisations administratives sans rapport souvent avec l’organisation et les tactiques employées sur le terrain.

 Blue moon propose également ses allemands mais en plus d'être du gros 15mm, elles ne sont pas super réussies et la gamme est encore très limitée.

 En deux mots pour conclure, ce que j'ai réussis à extraire de l'ouvrage:
  1. Emplois massif des gaz en fin de guerre
  2. Sur-équipement de matériel lourds de l'armée allemande
  3. Manque de personnel en fin de guerre pour faire fonctionner tout cela. Crise des effectifs, mais l'ouvrage met cela que sur le compte des pertes.
  4. Pas de prise en compte des regroupement en unité d'élite des meilleures troupes alors que les derniers livres sur le sujet semblent lourdement insister sur le phénomène qui a précipité l'effondrement moral de cette armée.
  5. Conformément à l'Histoire Papa, l'auteur essaye de rattacher toutes les évolutions à la personnalité de Falkenhayn. Ce qui fini par décrédibiliser son œuvre.

 Khurasan propose aussi une très petite gamme de figurines qui ne couvre pour l'instant que les premiers mois de la guerre.

Bref, faire de l'Histoire à partir de la lecture des ordonnances officielles c'est chiant, ça endors et ça n'apporte plus grand chose. Surtout si l'auteur ne prend pas assez de recule pour nous en livrer une synthèse satisfaisante.



jeudi 8 mars 2018

La France espionne le monde (1914-1919)





Il s'agit d'un ouvrage en deux parties traitant du développement des techniques d'écoutes à l'aube de la radiophonie. Lorsque la guerre éclate, il y a encore très peu de poste de télégraphie sans fils (radio) dans les armées belligérantes et la France et l'une des nations en avance sur ce point ce qui lui vaut d'intercepter plusieurs communications capitales à des moments clefs du conflit.

On y découvre aussi la mise en place de procédures chiffrées (codées) et l'acharnement des différents services à décrypter les codes adverses.
Pas facile de s'y retrouver parmi des archives sensées demeurées secrètes et donc partiellement tronquées mais l'auteur mène son enquête sur la formation des différents systèmes et bureaux d'écoute répartis entre plusieurs ministères (armée, défense, quai d'Orsay...).
La seconde partie est très orientées sur l'Espagne où tous les belligérants profitent et abusent de sa neutralité pour fomenter action et coups bas en Méditerranée, Afrique du nord ou Atlantique voir même aux États-Unis avant leur entrée en guerre. Au passage, cela donne quelques clefs pour expliquer la déstabilisation des nations ibériques au sortir de la guerre.
Quelques anecdotes rocambolesques d'explosions, de courtisanes ou de sous-marins furtifs viennent ponctuer le récit et lui donne un petit goût de roman d'aventure si cher aux aficionados du mouvement "back and Beyond".

dimanche 4 mars 2018

Les Vaincus; Violences et guerres civiles sur les décombres des empires 1917-1923


Enfin un livre qui a le mérite de se plonger dans les déprimants soubresauts de l’après première guerre mondiale si peu pris en compte dans l'historiographie française et pour cause : La France fut certainement le seul pays d'Europe pour qui l'Armistice et les différents traités de la Banlieue parisienne, à commencer par celui de Versailles, a pu signifier la paix.
Partout ailleurs, l’arrêt de la guerre n'a pas était synonyme de l'arrêt des hostilités.
Des révolutions et guerres civiles, russe, allemande, hongroise, irlandaise, aux putschs Italien, Espagnol, Portugais, en passant par les guerres de libération baltes, turque et polonaise, il n'y a bien eu que les Français et les Belges pour croire que la guerre s'était terminée en novembre 1918.

L’œuvre est titanesque et semée d'embuches mais il faut dire que Robert Gerwarth s'en titre très bien et réussi à exposer sans s'y perdre le maelström politique européen de ces années post conflit mondial extrêmement mouvementées. Le très grand intérêt du livre est d'exposer clairement des faits sans porter de jugement de valeur, ce qui en soit est une prouesse. S'il se lit bien, il ne se lit pas sans risque puisque sa lecture vous confrontera avec des situations déprimantes et risque de saper le peu de foi que vous pouvez avoir dans l'humanité tellement ses propos font apparaitre les spirales infernales qui se sont emparées des uns et des autres à l'issu d'un conflit déjà extrêmement meurtrier mais qui pose également les bases fragiles sur lesquelles reposent une bonne partie de notre monde actuel qui n'a pas encore totalement digérer la somme d'humiliations et d'avanies subit par une bonne partie de l'Europe et que le second conflit mondiale n'a pas soldé dans son entier.

Certainement l'un des livres les plus durs, clairvoyants et intéressants qu'il m'est était donné de lire.
Ne soyez pas surpris pas sa taille puisque 30% (130/473) de ses pages sont en fait les notes et les références d'une incroyable bibliographie. Le livre est même assez court et on se trouve surpris d'arriver à sa fin.

vendredi 2 mars 2018

Pourquoi l'Allemagne a perdu la Grande Guerre?

Encore un ouvrage de Christophe Cailleteau sur une tentative d'explication de l'issue du premier conflit mondiale. Ouvrage. Cet ouvrage permet de mettre en avant certains éléments propres à l'attitude de l'Allemagne dans ce conflit qui dépasse grandement son système politique même s'il faut bien admettre que l'un ne va pas sans l'autre.

Il a le mérite de faire le point sur la situation de l'Allemagne au début du conflit avec une certaine acuité. Changer d'angle de vu est toujours salutaire. Mais il revient surtout sur deux grands paris perdu par les dirigeants allemands durant le conflit:
  1. En 14, le plan Schlieffen et l'entrée en Belgique provoquant de facto l'intervention de la Grande Bretagne.
  2. En 17, le pari de la guerre sous-marine à outrance provoquant l'entrée en guerre des États-Unis d'Amérique.
 Selon l’auteur, à trop minimiser l'impact de l'entrée en guerre de ces deux puissants alliés de l'Entente (Royaume Unis et EUA), l'Allemagne fini par perdre la guerre. Pour l'auteur ces paris sont liés à la structure même de l'état Allemand ce qui le renforce dans son idée que seules les démocraties pouvaient sortir vainqueur du conflit. A vrai dire, c'est peut être plus lié à la situation même de cet état, qui a du faire des choix au regards des pénuries qu'il subissait et savait très bien qu'à la longue il finirait pas perdre avec ou sans l'apport d'ennemis supplémentaires.

Quoi qu'il en soit, le livre est assez court, il a également le mérite de se lire aisément et d'exposer les éléments de réflexion sur les sujets abordé ainsi que les pistes suivies par les protagonistes pour entériner ces choix. Ça reste tout de même le complément indispensable de son ouvrage "Gagner la Grande Guerre".